CONFÉRENCE DE GAËTAN ROBILLARD : DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU TRAVAIL : AUTHENTICITÉ, MÉDIAS, ESPACE
La massification des médias génératifs va de pair avec une ère de l'information en crise, à travers laquelle il y devient difficile de distinguer le vrai du faux, aussi bien que de départager l'image authentique de l'image falsifiée. Dans ce contexte, de nouveaux problèmes apparaissent : la massification des médias génératifs entraîne la circulation d'un registre d'images synthétiques fabriquées à l'aide d'algorithmes d'apprentissage automatique (ou IA), ayant pour effet une crise des régimes traditionnels de l'authenticité. En s'opposant aux approches symboliques des algorithmes, le paradigme informatique des réseaux d’apprentissage profond de l'IA (deep learning) rend toujours plus complexe l'étude critique et technique de ces modèles. Dès lors, comment faire face au problème d'historicisation ou d'explicabilité des images artificielles ? Et s’ils sont possibles, comment caractériser les nouveaux régimes d'authenticité des médias génératifs et synthétiques ? Tout en situant l’esthétique générative dans une généalogie européenne, la conférence mettra en regard expérimentations artistiques sur l’environnement spatial et études de cas dans les médias génératifs. Il s’agira enfin de problématiser la façon dont l’IA générative perturbe à son tour le champ architectural.
DANS LE CADRE DE LA JOURNÉE D'ÉTUDE : LES EFFETS DE L’IA SUR L’ARCHITECTURE ET SES IMAGES. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE OU INGÉRENCE ACCÉLÉRÉE ?
Journée d’étude le 13 mars 2024 avec Gaëtan Robillard, artiste, enseignant.
Organisée par le séminaire Entre Arts et Architecture (Andrea Urlberger, Danessa Louis-Jeune) avec la participation du séminaire Architectures numériques (Jean-Pierre Goulette, Sandra Marques, Lucie Addé).
Depuis que l’intelligence artificielle a fait son apparition auprès du grand public, notamment par des applications comme ChatGPT, Midjourney ou Dall-E, capable de créer, entre autres, des textes, mais aussi des images photoréalistes, le monde s’interroge sur son impact.
- Si l’influence réelle de l’IA reste pour le moment difficile à mesurer, une de ses nouveautés concerne son champ d’application. Des tâches créatives exercées par des écrivains, des artistes, des designers et bien entendu aussi par des architectes peuvent être concernées. Après le bouleversement du monde de la production industrielle et agricole par les machines analogiques et numériques, assistons-nous actuellement à une transformation en profondeur des métiers liés à la création et à la conception ?
- Si l’ampleur du phénomène reste pour le moment inconnu, il est pourtant urgent que le monde de l’architecture, dès sa formation, commence à réfléchir sur l’IA. Or, pour pouvoir anticiper l’impact de l’IA, il est nécessaire de l’inscrire dans un temps long et une perspective interdisciplinaire. De nombreuses pistes de réflexion doivent s’ouvrir.
- Comment comprendre la force de l’image et son rapport à l’espace tangible ?
- L’IA arrive-t-elle à instaurer une nouvelle connexion au réel et à sa représentation ?
- Quel lien existe-t-il entre le numérique et la conception ?
- L’IA est-elle capable de concevoir des espaces ou est-elle davantage destinée à gérer les datas de plus en plus étendues et soutenir ainsi (ou bien freiner) la transition écologique ?
- Permet-elle de prendre simplement des décisions ou interfère-t-elle directement dans le processus de création ?
S’il est impossible d’aborder toutes ces questions en même temps, cette journée d’étude s’intéresse plus spécifiquement aux articulations entre les algorithmes et les images, deux éléments qui se situent indéniablement au cœur des applications de l’Intelligence artificielle. Or, les images et les algorithmes, liés à l’architecture, sont aussi les éléments centraux de deux séminaires à l’ENSA Toulouse, Entre Art et architecture et Architectures numériques. Le premier séminaire se centre non seulement sur la photographie, mais sur les
liens entre images techniques et espace physique, le second s’intéresse à la place du numérique dans la conception architecturale. C’est pourquoi la journée d’étude sur l’IA permet de poursuivre les réflexions qui sont d’ores et déjà amorcées dans ces deux séminaires.
Pour commencer cette réflexion, nous organisons une première journée d’étude pour laquelle nous avons invité un artiste, Gaëtan Robillard qui s’intéresse d’une part à la question des images et des modèles d’intelligence artificielle et d’autre part, à son ancrage historique et philosophique depuis les années 60. Docteur en esthétique, sciences et technologies des arts. Gaëtan Robillard a soutenu une thèse en 2022, Des algorithmes à l’œuvre — Naissance du Computer Art et environnements génératifs qui met en perspective les interrogations actuelles.
GAËTAN ROBILLARD
Gaëtan Robillard (FR) est artiste, enseignant et chercheur, vivant et travaillant dans le Grand Paris. Il s’intéresse d’une part à la question des images et des modèles d’intelligence artificielle et d’autre part, à son ancrage historique et philosophique depuis les années 60. Docteur en esthétique, sciences et technologies des arts, Gaëtan Robillard soutient une thèse en 2022, Des algorithmes à l’œuvre — Naissance du Computer Art et environnements génératifs (Université Paris 8). Il publie régulièrement des articles sur l’esthétique du Computer Art historique, l’éducation et les artefacts algorithmiques contemporains (Intermédialités, Azimuts). D'autre part, son travail artistique a été exposé dans des lieux tels que le Palais de Tokyo et l’Ircam Centre Pompidou (Paris), Akbank Sanat (Istanbul) et le ZKM Centre d’art et de technologie des médias (Karlsruhe). Son récent travail Critical Climate Machine est lauréat du Lumen Prize 2023.